Les Os Noirs

Création le 19 septembre 2017

Crédit : Jean-Luc Beaujault

Présentation



Traiter du désir est un écueil, surtout lorsque l’on s’attaque à la mort…

Ma relation à l’art dramatique est intense, c’est un désir animé d’absolu et de nécessité de pertinence qui me coûte mentalement de plus en plus. Je ne me sens pas investie d’une mystique mais par la préoccupation de m’enfoncer dans les failles et fissures de nos mondes.
Pour moi qui suis athée, la mort est une histoire de l’intime et de l’aboutissement de nos vies. Je ne comprends pas le croyant et parfois j’en avoue une jalousie dans la certitude qu’il a à croire en un au-delà, un paradis !
Je me suis offerte une autre vie de mon vivant en changeant d’identité. Ce n’est pas un paradis mais une terre à apaiser. J’ai laissé derrière moi l’impossible acceptation de mon adolescence de mâle pour m’offrir celle d’une femme prête à mûrir ! J’avais les attributs du pouvoir et je m’accrochais à des falaises pour trouver la hauteur du grand saut. C’est l’art qui m’a donné la distance. C’est à 20 ans, par la rencontre des œuvres que je suis restée au sol et me suis éloignée de la falaise pour la contempler. J’ai commencé à comprendre l’espace, l’horizon et le temps comme une constante à redéfinir. J’ai choisi de pendre les organes, les symboles du pouvoir, comme on castre les testicules d’un animal avec un fil de crin. L’acte du suicide m’accompagne depuis tout temps, comme la cigüe dans la poche du résistant, sans compromis.
Le suicide nous est proche. Il fait route dans nos pas dès l’instant qu’il nous apparaît comme une possible issue.
Mais vous qui me lisez, nous qui sommes encore là, nous ne connaissons le suicide que par le manque et la douleur de l’absence. C’est un acte qui nous laisse dans l’interdit…
Savoir le pourquoi de cet acte rationnel ne peut trouver de réponse simple. La seule certitude est que l’acte de se suicider est une réflexion longue et intense, qui se fait rarement sur un coup de tête.
J’imagine qu’une fois la décision prise, c’est l’ordre du préparatif qui vient à se construire : un cérémonial, du comment, où et quand, qui vient à primer sur toutes autres considérations.

Se suicider dans le secret d’une chambre, ou sous l’œil du riverain, tout est affaire de signification. Le ou la suicidé·e n’a pas besoin de la morale, iel est dans la certitude de son geste. La préparation et les traces ou les énigmes qu’elle ou qu’il laisse sont sa signature.

C’est à la préparation de l’acte que je m’intéresse et non à la cause. Pas de mise à mort sans préméditation surtout lorsqu’il s’agit de la sienne. Lorsque l’instant de la décision est déjà lointain, c’est un cérémonial qui s’organise. On peut mourir seul·e, mais aussi aujourd’hui nous le voyons, mourir en emportant avec soi d’autres, malheureusement, comme une médiatisation de son geste, ou plus terrible encore par vengeance et croyance. Du naufrage au ravage, du geste silencieux d’un·e proche ou celui d’un·e pilote d’avion qui emporte avec soi la centaine de passager·es, ou d’un·e kamikaze au volant d’un camion, le sens de l’acte diffère sans commune mesure.


Phia Ménard, 19 septembre 2017
Générique

Phia Ménard Idée originale, dramaturgie, mise en scène et scénographie
Jean-Luc Beaujault Collaboration à la mise en scène et dramaturgie
Chloée Sanchez Interprétation
Ivan Roussel Composition sonore
Olivier Tessier Création lumière
Fabrice Ilia Leroy assisté de Yolène Guais Création costumes
Pierre Blanchet et Mateo Provost Création machinerie
Philippe Ragot avec Manuel Ménès et Nicolas Moreau Construction décor et accessoires
Jean-Luc Beaujault Photographies

Mentions

Production Compagnie Non Nova - Phia Ménard

Coproduction et résidence Malraux scène nationale Chambéry Savoie

Coproduction Théâtre Nouvelle Génération - Centre dramatique national de Lyon, Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie – Direction Alban Richard, le Théâtre National de Bretagne et du Théâtre des Quatre Saisons, Scène conventionnée Musique(s) – Gradignan (33). Avec le soutien du Monfort Théâtre et du Théâtre de la Ville – Paris, du Grand T, Théâtre de Loire-Atlantique (44), du Quai – CDN Angers Pays de la Loire et du Théâtre de l’Hôtel de Ville – Saint Barthélémy d’Anjou (49), du Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire (44), du Grand R – scène nationale - La Roche-sur-Yon (85), du Cargo – Segré (49), du Théâtre - Scène conventionnée de Laval (53), de la scène conventionnée Espace Jéliote-Oloron (64), de la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau (34), du Théâtre d’Orléans, Scène Nationale (45), du Théâtre Les Treize Arches, scène conventionnée de Brive-la-Gaillarde (19) et du Tandem Scène nationale de Douai (59).


Durée : 1h00

Âge : tout public