Crédit : Jean-Luc Beaujault
Avec Doggy Bag l’enjeu est de voir autrement le monde dans lequel nous vivons tous, de le représenter avec les regards croisés de chacun·e, avec une acuité sans doute plus vive. Et en
jouant et travaillant avec des objets qui n’appartiennent à personne : ni au jongleur, ni l’auteur, ni à la danseuse.
Dans l’histoire de la création de Doggy Bag, le pneu a été cet objet premier, en tant qu’objet de rebus, objet par excellence de la société contemporaine du pétrole et du tout automobile.
Très logiquement, se sont ajoutés les sacs plastiques (aussi dérivés du pétrole), et le carton d’emballage. Des objets qui ont eux aussi, déjà, leur partition propre, qui ont leur histoire, qui
la jouent aussi sur scène.
Cet ensemble d’objets produits par les sociétés industrielles deviennent déchets, polluent, encombrent, restent, aliènent les espaces. Quel autre endroit pour réunir ces matières qu’un lieu de
stockage ? De là est née l’idée d’un gardien surveillant ces matières immobiles. Vides ou pleines. Un gardien veillant sur de l’immobile, mais qui imagine. Qui parle seul. Qui fait naître des
personnages de son imaginaire. Une vie de gardien, tout entière dédiée à la surveillance…
Doggy Bag est donc l’histoire d’un gardien de nuit, dans un entrepôt.
Comme tous les gardiens, c’est un homme qui traverse avec régularité l’espace qu’il surveille tout au long de sa nuit de travail.
Un homme seul qui fait des rondes mais dont l’imaginaire — démultiplié par la solitude — peuple l’espace de personnages qui incarnent ses pensées et ses fantasmes. Des personnages qui
appartiennent tout autant au quotidien de chacun·e, et qui accompagnent le gardien dans sa nuit de veille.
Chacun des personnages de Doggy Bag se mesure, avec ses forces propres, et son caractère, aux objets et aux matières. Objets qui sont aussi puissants que les personnages, et presque plus
par moments.
Chaque personnage est un avatar contemporain de personnages traditionnels du cirque : un dompteur-jongleur-animal très singulier, un fildeferiste resté à terre, et des versions contemporaines et
multiples de l’Auguste. Non pas le personnage au nez rouge, bien sûr, mais celui qui, comme dans le théâtre élisabéthain du XVe, est maladroit ou gaffeur, et surtout est doté d’un solide bon sens
qui peut parfois le mener au cynisme.
Les personnages de Doggy Bag sont ainsi des bouffons, c’est-à-dire des amuseurs qui tendent le miroir déformé (ou à peine) du monde à ceux qui les écoutent…
Production Compagnie Non Nova - Phia Ménard
Coproduction le Carré, scène nationale de Château-Gontier (53), la Brèche, Centre des Arts du cirque de Basse Normandie, et Open Arts, le Quai–Angers.
Spectacle créé avec le soutien de l’espace culturel Capellia/Ville de la Chapelle sur Erdre, et du Trident, scène nationale de Cherbourg-Octeville.
Ce projet a reçu l’aide à la création de la DMDTS, de la Ville de Nantes et du Conseil régional des Pays de la Loire.