Belle d'Hier

Création en juin 2015 au Festival Montpellier Danse 2015 à l'Opéra Comédie

Crédit : Jean-Luc Beaujault

Présentation



Lorsqu’en janvier 2010 est survenue la commande d’auteure des « Sujets à Vif » par le Festival d’Avignon et la SACD, j’ai imaginé pour la première fois de monter un projet autour de la disparition du mythe.

L’espace imposé était le Jardin de la Vierge du Lycée St Joseph d’Avignon où trône une statue de la Vierge à l’Enfant. Je me suis orientée vers une proposition autour du mythe de la Vierge en utilisant l’imagerie de cette femme vêtue de blanc et de bleu.
Mon projet était de développer une écriture visuelle autour de tissus congelés aux formes de l’effigie divine que nous aurions regardés se transformer en serpillières sous la chaleur avignonnaise, sur les mots du poète sonore d’Anne-James Chaton…

Ce projet était techniquement trop lourd pour être réalisé aux « Sujets à Vif » et c’est finalement Black Monodie, une forme autour des icônes féminines qui a été créée au Festival d’Avignon…

Travailler sur la disparition d’un mythe par sa transformation est pour moi une nécessité. Je me replonge sans cesse dans des questions de transformations, d’identités, d’images des corps, de la trace du temps, de l’interaction des éléments, de paysage visuel, de manipuler ou être manipulé pour tenter de questionner les codes de nos sociétés.

Avec Belle d’Hier, je m’attaque à la transformation d’un mythe. Je pose un regard sur cette phrase transmise de générations en générations : « Un jour, ma fille, tu seras une princesse et tu rencontreras le prince charmant ». Une petite phrase anodine en apparence mais surtout l’ébauche du mythe hétéro-patriarcal qui voudrait que la femme soit sauvée de ce monde par l’arrivée de l’homme !

Ne voyez-vous pas là quelque chose de désuet se construire sur un mythe ?

Je suis d’une génération nourrie de révolutions inachevées. Celle d’une libération de l’être plus que d’une revendication de son égalité. Je suis une femme en devenir et je pense l’être jusqu’à la fin. Je m’approprie chaque jour de nouveaux codes pour les tester, les digérer et les reproduire pour faire disparaître les doutes quant à mon identité. Je joue le jeu pour comprendre et sûrement y trouver l’apaisement d’une place.
Faut-il se soigner ou continuer à croire que le prince viendra, que l’élu nous sauvera, que l’amour et tout le packaging feront de nous des êtres enfin accomplis ?

Ah le mythe du sauveur ! L’idéalisaVon de l’homme et de la femme, dans le sens de la beauté, de l’amour, de la jeunesse, de l’héroïsme.
Le Prince, la princesse, l’amour éternel et son mythe ?
Le mythe ?
Et si sa destruction nous était salvatrice ?
Attaquons-nous à la détresse qu’il provoque.
Intéressons-nous à sa transformation, au moment où il s’effondre et qu’il provoque le rejet et l’envie d’exploser.
Passé le moment de la désillusion, de la violence, jouissons du souffle de vie qu’il crée.
Fêtons la crise qui engendre un sursaut d’envies.
Je m’intéresse à une utopie qui serait d’échapper au mythe.
Je m’intéresse à « l’après-mythe » !

Pour le projet Belle d’Hier, c’est la violence de la confrontation entre l’humain et la matière qui est importante, pour donner la force dramaturgique et émotionnelle. La glace, le froid puis l’eau froide provenant de la décongélation et enfin la sublimation par la vapeur.

Devant vous, l’étrange mouvement de cinq individus sortant d’un lingot géant dépose une armée de corps silencieusement. Des « carapaces» congelées en formes humaines : des icônes, un possible sacre. Une solennité rendue par le froid semble-t-il éternelle…

Des corps moulés, pétrifiés par le froid, qu’à présent nous regardons se décomposer sous l’effet de la chaleur. La scène à la beauté éphémère devient un champ de bataille, un amas pourrissant. Eux aussi observent ce carnage, nos cinq individus continuent leur besogne. C’est une boucherie, les carapaces sont démembrées, suspendues, maltraitées. C’est l’usine, le grand nettoyage…

C’est la vérité, sous ces tenues extra-terrestres, ce sont elles, celles que je nomme « nos rageuses », assoiffées d’envies, prêtes à se battre pour assécher les dernières gouttes du mensonge. Elles sont savoureusement hors de contrôle. Elles sont les ouvrières, les promises, les guerrières qui troublent un ordre trop longtemps établi. S’affranchir de la douleur, tel est l’enjeu. Elles rivalisent par les gestes répétitifs et entêtants de la lessive.
S’extraire est alors un acte à la portée de chacune d’entre nous !


Phia Ménard, juillet 2015
Générique

Phia Ménard Idée originale et scénographie
Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault Mise en scène et dramaturgie
Isabelle Bats, Cécile Cozzolino, Géraldine Pochon, Marlène Rostaing, Jeanne Vallauri Création et interprétation
Ivan Roussel Composition sonore
Alice Ruest Création lumière
Fabrice Ilia Leroy Création robes et costumes congelés
Philippe Ragot assisté de Angela Kornie Construction décor et accessoires
Jean-Luc Beaujault Photographies

Mentions

Production Compagnie Non Nova - Phia Ménard

Coproduction et résidence Espace Malraux, Scène Nationale de Chambéry et de la Savoie, la Brèche, Pôle National des Arts du Cirque de Normandie / Cherbourg-Octeville, le Carré, Scène nationale de Château-Gontier.

Coproduction Festival Montpellier Danse 2015, Théâtre de la Ville - Paris, le lieu unique, scène nationale de Nantes, Le Grand T, scène conventionnée de Loire-Atlantique, Le Quai - CDN - Angers, Théâtre d’Orléans, scène nationale, La Criée - Théâtre national de Marseille, Théâtre Les Treize Arches, scène conventionnée de Brive-la-Gaillarde, La Verrerie, Pôle National des Arts du Cirque Languedoc-Roussillon - Alès, Le Théâtre, scène nationale de Saint-Nazaire - Maillon, Théâtre de Strasbourg - Scène européenne, TJP Centre Dramatique National d’Alsace-Strasbourg, le Grand R, scène nationale de La Roche-sur-Yon, Comédie de Caen - CDN de Normandie.

Avec le soutien du Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper, Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, Le Cratère, scène nationale d’Alès, Les Quinconces-L’espal théâtres, scène conventionnée danse Le Mans.

Avec le soutien technologique de JF Cesbron, fournisseur de solutions globales de services dans les domaines frigorifiques, thermiques et énergétiques.


Durée : 1h00

Âge : tout public