Processus de création i.C.E

" Injonglabilité Complémentaire des Éléments"

I.C.E., pour Injonglabilité Complémentaire des Eléments, est le processus de recherche initié depuis 2008 par la Compagnie Non Nova. Il consiste en une approche créative, intellectuelle et imaginative autour de la notion de transformations, d’érosions ou de sublimations de matières ou matériaux naturels comme la glace, l’eau, la vapeur, le vent… et de leurs implications sur les comportements humains, corporels ou psychiques.

De cette réflexion se crée un répertoire de formes, performances, installations, films qui nous semblent être suffisamment pertinents, incontournables, énigmatiques, pour faire l’objet d’une présentation à un public.

Ce processus non exclusif est devenu le fil conducteur de la vie artistique de la Compagnie Non Nova.

À ce jour, 5 cycles ont été initiés :

 

 

Les Pièces du vent 

                                                                     2008 :  « L’après-midi d’un foehn Version 1 »

                                                                     2011 :     « L’après-midi d’un foehn » et « VORTEX »

                                                                     2017 :    « Les Os Noirs »

 

Les Pièces de Glace

                                                                     2009 :  « ICE MAN » : projet co-réalisé avec le Collectif La Valise, pour leur film « Coyote Pizza »

                                                                     2010 :   « BLACK MONODIE » : commande de la SACD et du Festival d’Avignon pour le Sujet à Vif.

                                                                                  Ecriture de Phia Ménard et Anne-James Chaton.

 

Les Pièces de l’Eau et de la Vapeur

                                                                     2015 :    « Belle d’Hier »

                                                                     2018 :   « Saison Sèche »

 

Les Pièces de la Sublimation

                                                                     2017 :   « Contes Immoraux - Partie 1 : Maison Mère »

                                                                     2018 :   « No Way » - Pièce pour une actrice et du fil de fer barbelé

                                                                     2021 :   « La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe) »

 

Les Pièces du Jardin et des Ruines 

                                                                     2023 :  « ART.13 »

Un Temple au Vietnam © Phia Ménard
Un Temple au Vietnam © Phia Ménard

Je n’ai pas choisi de naître ! J’ai fait le choix de continuer à vivre. J’essaie d’être sincère pour autant que je le puisse. J’ai prouvé l’incompatibilité entre mon sexe biologique et mon identité. Je suis une femme en devenir que l’on a éduquée pour devenir un homme. Je tente le plus possible de questionner mes certitudes sur ce que l’on nomme « être humain » et si possible d’en témoigner au travers de l’art. Je vis dans un monde qu’il me faut rendre chaque jour plus humain pour avoir envie de le fréquenter…

 

Mon point de départ de réflexion fut la chance de naître avec la sensation d’être étrangère à un corps. Je sais que cela peut paraître « anormal » pour certain·es, lorsque ce n’est que singulier.

 


C’est de cette situation que s’est nouée mon envie de m’extraire de la réalité. Le premier chemin utopique fut donc celui d’échapper à la réalité d’un corps. Se réapproprier ce dont on ne peut se défaire est le paradoxe de cette situation qui m’a amenée à questionner les failles et trouver les transformations, fussent-elles minuscules.

 

La rencontre avec la jonglerie fut déterminante pour moi par la possibilité qu’offre cet art de l’escamotage et la vélocité. Pour l’abstraction au monde, jongler est la drogue parfaite, j’en fus accro… Le pouvoir d’attraction d’une telle pratique m’a permis de cheminer vers la question scénique avec la rencontre de Jérôme Thomas et d’Hervé Diasnas. Le corps, l’espace, le rythme, l’écriture, l’analyse et la maîtrise du geste, la mémoire, la musicalité, la dramaturgie, toutes ces notions indispensables m’ont été transmises par ces deux maîtres. Grâce à eux je me suis confrontée à l’apprentissage d’une vie où les frontières physiques et temporelles n’appartiennent qu’aux artistes. De cette décennie d’enseignement sur les routes du globe je me suis imprégnée du désir d’écrire ce que je voyais de l’être humain en prise avec le chaos.

 

Écrire m’est devenu nécessaire. J’ai fondé une compagnie : Non Nova. Je persiste à dire ce que ces mots suggèrent : « Rien de nouveau », mais juste une volonté d’amener un regard différent sur la forme pour interroger le rapport entre art et public.

Sommes-nous du cirque, de la danse, du théâtre gestuel ?

Encore une fois, c’est une question d’identité, celle de savoir si nous avons besoin d’appartenir à ce qui est répertorié pour exister. Juste une histoire de communication.

 

J’ai fait le choix d’être en relation avec l’art d’une façon vitale, cela implique donc que les limites de mes actes ne sont définies que par les limites vitales du corps. Lorsque je suis sur scène, je prête mon corps aux spectateur·ices pour essayer de leur faire vivre une expérience qu’iels ne feraient pas d'eux et elles-même. J’aimerais que les spectateur·ives viennent voir nos formes par l’envie d’être troublé·es.

 

C’est dans ce champ d’investigation artistique, que je m’évertue à rendre nécessaire ma relation aux spectateur·ices, afin d’évacuer toutes formes de complaisance et de didactisme avec elleux. J’essaie de faire de chaque rendez-vous non une monstration artistique mais une rencontre singulière avec nos sensations d’être au monde.

 

Je ne sais pas combien de pièces font partie du puzzle de mon imaginaire. Je vois celles qui me sont nécessaires en me demandant si elles doivent être partagées.

 

 

Phia Ménard

Iceman © Collectif La Valise
Iceman © Collectif La Valise
P.P.P. © Jean-Luc Beaujault
P.P.P. © Jean-Luc Beaujault
Black Monodie © Jean-Luc Beaujault
Black Monodie © Jean-Luc Beaujault

I.C.E. est un processus artistique non exclusif. La base fondamentale est de tenter d’amener à ressentir et vivre un imaginaire en interrogeant les notions générales de transformations, d’érosions, d’équilibres vitaux, qu’elles soient corporelles ou mentales au travers d’un répertoire de formes, performances, installations, films, écrits.

 

Afin de développer cette relation et d'extraire les spectateur·ices de la contemplation, ma recherche artistique s’articule autour du lien commun à l’être humain que sont les composantes de la vie tels que l’eau, l’air, la lumière...etc.

 

En nommant « Injonglabilité », se pose comme concept le développement « Complémentaire » à notre imaginaire de l'utopie de l'homme tentant de dompter ces « Eléments » naturels.

Dans une société où le virtuel tend à s’imposer dans l'imaginaire, la performance physique avec des matériaux naturels communs à tous et à toutes, de surcroît indomptables est un moyen d’interpeller nos sens.

 

L’expérimentation empirique est notre modus operandi afin d’évacuer une sophistication inaccessible d’un point de vue technique, financier et surtout humain.

Le rapport à la science est essentiel dans le questionnement mais il est limité à l’apprentissage et la compréhension des phénomènes pour éviter qu’il ne devienne une mise en application d’un savoir ou sa vulgarisation.

 

Ces " Pièces de Glace, Pièces du Vent, Pièces de l’Eau et de la Vapeur", … sont des chemins d’explorations structurés, avec une dramaturgie et autour d’une narration non didactique, avec le désir d’exprimer l’intime et le commun de nos transformations.

 

Les comparaisons entre la transformation des éléments vitaux avec celles de nos corps, de nos gestes, nos pensées, sont les références pour générer un imaginaire sans frontières. Chaque forme se doit d’avoir un impact sur le spectateur : au-delà de son intellect, c’est dans sa chair, son derme, sa fondation que ces formes doivent interpeller. Comment en voyant un corps allongé sur un tapis de glace, ne pas y projeter son propre corps ? Comment dans le labeur de Black Monodie ne pas y projeter le sien ?

 

 

L’ensemble du projet I.C.E. est une épopée pour un théâtre à vivre autant qu’à voir. 

Recherches sur P.P.P. © Jean-Luc Beaujault
Recherches sur P.P.P. © Jean-Luc Beaujault